Mendiante
Je suis une mendiante, oui une mendiante et c'est sans doute ce qui me met le plus en colère chez moi et que j'ai le plus de mal à corriger.....
Du plus loin où remontent mes souvenirs, j'ai le souvenir d'avoir mendier de l'amour, de l'attention, de la tendresse, de l'écoute, j'ai souhaité être rassurée, cajolée, écoutée. Pas la peine d'avoir fait des années d'analyse (ce que j'ai pourtant fait) pour comprendre que cela vient de mon enfance, de ma mère trop occupée au deuil de mon frère mais qui est de nature peu à l'écoute, peu tendre, peu tout ce que j'attendais dans la vie, moi petite fille avec un énorme besoin de tendresse et de reconnaissance.Même si aujourd'hui à 80 ans c'est elle qui est en attente de tout ceci et me reproche souvent ma froideur ! Mais à présent elle m'écoute et m'aime comme j'ai toujours rêvé d'être aimée par elle, même si je reste sur la défensive permanente.
Toute mon enfance j'ai ainsi attendu, en vain, de la tendresse, elle venait souvent de mon père mais celui-ci était en déplacement toute la semaine et avait ses propres problèmes avec ma mère à régler, son deuil à faire et son manque d'images parentales.
Dans mon adolescence j'ai été une mendiante de l'amour. J'ai beaucoup papillonné, non en fait disons les choses comme elles sont, j'ai beaucoup cavalé. Et bien sûr toujours des garçons qui ne voulaient pas de moi, j'étais une sorte d'ovni pour eux, alors j'ai mendié, mendié et mendié encore de l'attention, de la tendresse et sous couvert de sexe, de l'amour.....
J'ai passé donc une partie de ma vie d'adolecente et de jeune femme à mendier ainsi mais comme je plaisais aux hommes physiquement, j'avais au moins droit à quelques moments plus sexuels que tendres. Je faisais avec et j'en abusais. Oui, même si j'en ai parfois honte aujourd'hui, j'en ai abusé.
Et puis j'ai rencontré mon mari qui ne m'attirait pas plus que cela, trop occupée à courir après un homme qui ne voulait pas de moi. Mais il a su me montrer de l'attention, de la reconnaissance et la magie a eu lieu. Durant des années j'ai eu l'impression qu'il ne voyait que moi, qu'il ne s'interessait qu'à moi, nous étions heureux jusqu'au jour où lui aussi, comme tant d'autres hommes, a fait sa crise de la quarantaine et m'a quittée pour une aventure de passage. Et là tous mes vieux démons ont ressurgi. Ma peur de l'abandon, le sentiment de rejet mais surtout la certitude que lui et moi c'était pour la vie. Je me suis battue, j'ai souvent honte de mon attitude de l'époque, mais je ne pouvais faire autrement, je suis tombée dans une dépression profonde et je n'ai trouvé, encore une fois, que la séduction pour ne pas sombrer tout à fait. Et mon mari est revenu, sans bruit, sans vraiment s'excuser même si je savais qu'il ne se pardonnerait jamais le mal qu'il m'avait fait. Et là encore j'ai eu l'impression de mendier. Mendier pour être rassurée, mendier parce que j'avais besoin de savoir que j'étais l'unique mais tout mon être a été ébranlé.
Beaucoup disent que je suis devenue plus dure à partir de ce moment là. S'en sont suivi des années difficiles de renconstruction. J'ai perdu tous mes amies, sauf mon amie d'enfance qui habite si loin. Là encore j'ai mendier des explications à ces amies qui me lâchaient pendant et après notre séparation. Ces amies qui n'ont pas compris mon attitude de séduction ni de reconstruction de mon couple. J'ai envoyé des mails, des courriers, mendier leur amitié et leur loyauté, ce qui m'a été refusé. Et je m'en veux, une fois de plus, de m'être montrée ainsi, en mendiante si peu fière.
A présent j'ai toujours l'impression de mendier. Mendier de l'amitié moi qui me sens parfois si seule. Offrir tout, mon coeur, ma loyauté, ma vérité, ma main, mon écoute parfois maladroite, offrir une amitié telle que je la rêve moi et j'ai encore l'impression de faire fuir par trop d'attente. Je suis toujours celle qui appelle, celle qui demande des nouvelles, celle qui contacte, celle qui............... Mes 2 meilleurs amis, homme et femme, ne sont pas du genre à téléphoner, c'est toujours moi qui appelle, ils n'ont sans doute pas besoin de tant se confier que moi, même s'ils sont heureux quand j'appelle. Mais là encore j'ai l'impression de mendier.
J'ai essayé de me faire de nouveaux amis. Vous connaissez, si vous lisez un peu ce court blog, ma dernière histoire d'amitié où là encore j'ai mendier cette amitié, où j'ai sans doute un peu forcée l'autre, où j'ai tout donné, tout offert, où je me suis montrée sans fards, sans masques, sans protections aucune. J'ai juste un peu évoluée dans la rupture où je n'ai pas supplié, pas couru derrière cette pseudot-amie à qui j'ai tant offert. La mort de mon amie de jeunesse et la séparation (dispute grave) d'avec mon frère m'ont endurcie.
Mais encore aujourd'hui j'ai l'impression de mendier sans cesse. Mendier de l'affection et de l'attention auprès d'un mari, qui certes travaille beaucoup, ne voit personne d'autres que nous, est fidèle et loyal mais si peu démonstratif et si peu affectueux ; mendier auprès de celles qui croisent ma route, souvent virtuellement dans un premier temps, et qui je le sens pourraient être de vraies amies ; mendier parce que c'est toujours moi qui invite, qui téléphone, qui me donne du mal. Sans doute les autres n'ont-ils pas autant besoin que moi d'une amitié solide et totale, sans doute les autres se suffisent-ils à eux-mêmes ou ont-ils déjà des tonnes d'amis ? Ou alors je fais peur aux gens ?
Je ne sais pas, mais je sais par contre que cette attitude chez moi me fait souffrir. Elle me rabaisse et me place en situation d'attente et de demande permanente et ma fierté en prend un coup à chaque fois. Je ne suis bien qu'avec mon chien, qui me suis partout, qui pose sur moi son regard plein d'amour inconditionnel et surtout de fidelité mais il s'handicape de plus en plus et je m'angoisse là encore tellement à l'idée de le perdre un jour.
Je suis une mendiante, oui, une mendiante de l'amour.